Jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit de copier les autres, je reprends à mon compte le thème de l’histoire avec mots imposés, totalement piqué chez La Belette. Que cette dernière veuille bien croire en l’expression de ma plus profonde gratitude.
Amis imposteurs de tous poils, si vous n’avez pas encore fait connaissance avec le Maître, je vous invite à le faire (j’aurais bien mis Maîtresse mais j’ai eu peur qu’il y ait une confusion avec Nadine – pour savoir qui est Nadine, rendez-vous dans l’antre de La Belette).
Pour la peine, j’ai demandé à une personne de confiance et dont l’esprit est fertile, en plus d’être complètement débridé, de me soumettre une série de mots pour vous pondre une bien belle histoire. En vrai, je n’ai rien demandé du tout mais bon, comme certains de mes amis sont prêts à tout pour connaitre leur quart d’heure de célébrité en voyant leur nom en lettres de feu sur ce blog, je n’ai pu faire autrement que de céder.
Aussi, voici le fruit du partenariat entre Pierre M, qui a soumis les mots suivants (Suppositoire – Epoisses – Cornemuse – Rosette – Biroute – Rhododendron – Emasculation – Mâchicoulis - Truculent – Elucubration – Pédalier – Rouelle – Absoudre – Inextinguible - Tournante) et Marie Mail Tout (et pas forcément n’importe quoi), qui s’est collée à la dure tâche de donner un sens à tout ce charabia.
Un matin, levée du mauvais pied, j’avale en vitesse mon petit déjeuner, m’attife à la hâte comme presque chaque matin, c’est-à-dire que je saute dans mes vêtements vite fait bien fait et enfile mes chaussures avant de m’engouffrer dans la cage d’escaliers.
Ni une ni deux, me voilà en bas desdits escaliers en moins de temps qu’il ne le faut pour introduire un suppositoire. M’étant pris les pieds dans le tapis, au sens le plus strict du terme, je me retrouve à plat ventre dans le hall de l’immeuble. Comme de bien entendu, c’est toujours dans ces moments là que l’on croise le plus beau de ces voisins (et non pas un samedi lorsque l’on est de sortie, toute plâtrée pimpante).
J’essaie alors de garder un semblant de dignité face à ce bellâtre mais tout espoir d’y parvenir s’évanouit lorsque je sens poindre un teint de rouelle. Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé d’arborer cette superbe nuance, située quelque part entre le rouge vif tendance écrevisse et le cramoisi total façon vieil alcoolique en état de cirrhose décompensée. Toujours est-il que c’est le genre de peinture de guerre qui n’est pas pour améliorer la confiance en soi.
Me relevant à grand peine, je tâche d’engager la conversation sur un air badin et me décide à évoquer tout de go le problème de l’émasculation des animaux domestiques, de type chiens et chats. Mal m’en a pris. Par le plus grand des hasards, il s’avère que ce charmant voisin est un fervent défenseur de la cause animale, qui refuse de telles pratiques, n’ayant pour but que l’amélioration du confort de l’Homme en restreignant la fertilité naturelle de nos amis les bêtes. Il dit être beaucoup plus favorable à la contraception pour toutes les femelles, acte beaucoup moins traumatisant.
Me vient une pensée fort judicieuse à cet instant précis : « ne pas lui proposer de rosette à l’apéritif si je parviens jamais à l’inviter chez moi, ce con doit être végétarien ». Je me force néanmoins à écouter ces élucubrations en me disant qu’un être aussi beau ne peut être foncièrement dénué de toute intelligence, même cachée dans les tréfonds de son âme. Au bout d’un moment, sachant que je suis bigrement en retard pour me rendre au travail, je lui propose de poursuivre cette conversation truculente autour d’un verre, dans la soirée.
Nous nous retrouverons comme convenu, sur les lieux de ma chute matinale et nous dirigeons vers un café, de l’autre côté de la rue, où une soirée thématique a lieu. Des joueurs de cornemuse ont pris place au beau milieu des tables et s’en donnent à cœur joie. Etant aussi à l’aise qu’une pom-pom girl en haut d’un mâchicoulis, je décide néanmoins de n’en rien laisser paraître. Ce jeune homme est peut être la perle rare, va-t-on savoir, aussi est-il important de faire bonne impression.
La conversation s’engage de nouveau, nous échangeons rapidement sur nos journées respectives et je décide d’éviter tout sujet trop farfelu comme ce matin. Toutefois, mon interlocuteur n’a pas l’air de cet avis et se lance, je ne parviens plus vraiment à me rappeler comment, dans une diatribe contre les consommateurs occasionnels d’époisses.
N’étant pas concernée moi-même, je tente néanmoins de prendre leur défense. Après tout qu’ont-ils fait de mal ? C’est leur droit de se parer d’une haleine de décharge à ciel ouvert. S’ils trouvent ça bon, pourquoi leur interdire ce plaisir ? Lui ne semble pas vraiment comprendre mon point de vie et me rétorque qu’à ce moment là, autant convaincre toutes les pucelles de se joindre à une tournante géante.
Eberluée, je tente de lui faire comprendre qu’il n’y a aucun rapport avec la choucroute. Le bougre non seulement ne goutte pas la plaisanterie mais s’avère être encore plus siphonné que je ne le croyais. En effet, il ne saisit pas en quoi ce qu’il a dit est incohérent.
Le tenancier du café nous regarde depuis quelques temps du coin de l’œil et semble suivre la conversation à distance. Il finit par éclater d’un rire inextinguible, ce qui déclenche la furie de mon compagnon de tablée. Celui-ci se dirige alors vers le comptoir pour s’exclamer : « Eh vieux con, tu veux que je te colle mon pédalier dans la tronche ??! ».
N’écoutant que mon courage, je me décide à me glisser hors de l’établissement, en priant le bon Dieu de m’absoudre de tous mes pêchés. Parce que si ce n’est à cause d’eux, je ne vois pas quelle pourrait être la cause de mon malheur. Pourquoi le sort s’acharne-t-il à m’envoyer pareil énergumène ? Vivant en face de ma porte, par-dessus le marché.
Plusieurs jours se passent sans le moindre signe de vie de mon voisin. Je finis par penser que, rongé par la honte, il s’est décidé à déménager. Que nenni. Un soir, quelqu’un toque à ma porte et j’ai la surprise de le découvrir, un bouquet de rhododendrons à la main. Il m’explique alors qu’il est profondément désolé, qu’il ne comprend pas très bien ce qu’il s’est passé ce jour là et qu’il ne devait pas être dans son assiette.
Je fais mine d’accepter ses excuses et lui dis que ce n’est pas si grave. Visiblement soulagé, il m’explique qu’il ne veut pas passer pour le voisin dérangé et je le rassure en disant que non, ce qu’il vient de me dire prouve bien qu’il ne l’est pas.
Se dirigeant vers sa porte d’entrée, il l’ouvre et se retourne brusquement en s’exclamant « Alors, tu veux pas voir ma biroute ??? ».
Voilà comment, un beau jour d’octobre dernier, j’ai décidé de quitter le centre de Paris pour aller vivre dans un coin paisible du 9-2, où les zinzins sont moins nombreux … Et non pas parce que mon proprio vendait l'appartement ...
Alors, d'abord, merci de ne pas avoir semé le doute quant à ma non-nadinité. Ensuite, j'accepte ton témoignage de gratitude et suis au comble du bonheur d'avoir pu contribuer à l'éclosion de ces lignes aussi crédibles que palpitantes (t'as vu sa biroute finalement ou pas?). Enfin, pour une prochaine fois, n'aborde pas d'emblée la question de l'émasculation des animaux, attends au moins 10 mn.
Rédigé par : la belette | vendredi 13 avril 2012 à 17h43
J'adore !!! Le défi est relevé haut la main ! On aurait même presque envie de penser (croire ?) que c'est du vécu !!!
Rédigé par : Pierre | vendredi 13 avril 2012 à 23h20
Nan je n'ai pas vu sa biroute ...
Je note le conseil pour la prochaine fois !
En tout cas, ravie de voir que ça vous a plu !
Rédigé par : Marie Mail Tout | dimanche 15 avril 2012 à 19h13
Vraiment très très forte Marie
Bravo!
Rédigé par : Christiane | mardi 17 avril 2012 à 18h55
Merci à vous Christiane !
Rédigé par : Marie Mail Tout | mardi 17 avril 2012 à 19h49