Hier, je vous laissais donc en plein suspens. Qu’allait faire Marie Mail Tout ?? Allait-elle accepter cette proposition alléchante à plus d’un titre ? Il se trouve d’ailleurs que j’ai omis un détail important : ce nouveau boulot est situé à 5 min à pied de chez moi, comme quoi mon ancien propriétaire a bien fait de me fiche à la porte il y a de ça quelques temps …Saint homme. J’en regretterais presque la bile immonde que j’ai répandue sur lui au moment de la vente de ce charmant studio.
Mais surtout, comment allait-elle l’annoncer publiquement au bural ? Evidemment, Brenda (son inséparable collègue) et Maître Yoda (le sage du bureau) ont suivi étape par étape le déroulé des opérations. Du 1er appel téléphonique pour caser le 1er entretien jusqu’au coup de fil final, celui juste avant le week-end de Pâques. Et les autres dans cette histoire ? Ben voui, qu’en est-il du grand patronat ?
Bien évidemment, je m’étais fait tout un film. Telle Saladin entrant triomphalement dans Jérusalem, je me voyais bien afficher une mine de grand seigneur. Ne point massacrer la populace mais m’imposant quand même. Bande de chiens galeux, vous m’avez sous-estimée et ben, v’lan, je me casse.
Sachant qu’au fil des ans, je m’étais fait d’autres films. Plus guerriers cette fois. Où là, je balançais tout ce que j’avais sur le cœur. Histoire de faire table rase de tout ce bazar ambiant. Là où passe Attila, l’herbe ne repousse pas.
Oui mais ça, c’est oublier que le jour où l’on claque sa dém’, tout ne fait en réalité que commencer. Et que loin de ne plus avoir de comptes à rendre à personne, il faut encore négocier le sacro-saint préavis. Ca, j’avoue que je n’y avais pas trop pensé dans mes rêves les plus fous où je plantais machiavéliquement les aiguilles les unes après les autres dans mes petites poupées vaudou …
Et c’est finalement toute pétrie d’angoisse que je me suis présentée le jour J. Aussi stressée qu’une première communiante, je fais mon apparition dans le bureau, scrutant le moindre signe favorable dans le marc de cappuccino pour partir à l’assaut, la fleur au fusil. Limite si je n’étais pas prête à dire, en cas de refus de ma démission ( non mais sérieusement …) : « OK bon bah n’en parlons plus, je reste et pis, c’est pas la peine de m’augmenter en fait …. ».
Finalement, je fais mon entrée dans le bureau du grand patronat, les yeux rivés sur mes chaussures, toute penaude, sur le point de bredouiller : « Me casse, salut, sans rancune, je suis à côté si vous avez besoin de moi ». Je prends alors une grande inspiration et balance le plus simplement que je m’en vais, que j’ai trouvé mieux ailleurs et que voilà, j’aimerais aussi bien partir plus tôt tant qu’à faire.
Autant je m’étais attendue à des cris, des larmes, du sang sur l’air de « Non mais c’est pas possible, vous ne pouvez pas nous plantez comme ça » ou « Ah ben ça alors, vraiment, on n’aurait jamais pensé ça de vous », le tout servi avec une mine de Dick Cheney découvrant que sa fille est lesbienne (a.k.a scène du tombage d’armoire, de sortie du placard), autant rien ne m’avait préparé à ça …
Rien. Que dalle. Nada. Encéphalogramme plat. Zéro activité cérébro-motrice. Beaucoup de bruit pour rien. Pensant lâcher une bombe, je me suis rendue compte que cette nouvelle ne chamboulait en fait qu’une seule personne : moi-même.
C’est ainsi que j’ai eu droit au couplet surréaliste : « Oui écoutez, c’est vrai que tout contrat de travail a un début et une fin (vu le niveau intellectuel de mon patron, je bénis vraiment le ciel de me tirer de là). Et pis 4 ans, c’est une bonne période. C’est pas comme si vous partiez au bout de 6 mois ». En dehors de quelques questions sournoises pour tenter de savoir où je partais et un « Bon, on ne va pas le dire aux autres pour le moment, on attend », rien d’autre. Pas un compliment sur mon travail. Rien qui puisse me laisser penser que mon passage laissera un souvenir indélébile.
Non pas que j’ai un besoin de reconnaissance absolu (enfin si mais pas dans le cas présent) mais bon, 4 ans de boulot résumés à « toute chose a un début et une fin », ça fait un peu mal au derrière. N’allez toutefois pas croire que ça me laisse mélancolique, cela n’a rien de surprenant venant de la part de celui qui l’a prononcé. Et ça m’épargne beaucoup de tracas, à savoir qu’ils se foutent du préavis comme d’une guigne ! J’ai presque su déceler un semblant « Ohhfff, vous voulez partir plus tôt ? Tant mieux, du balai, ça nous évitera de vous payer un mois de congés et la prime de vacances ».
Moralité, la Reine Margot « Foresti » a bien raison lorsqu’elle dit que les gens des médias sont des chiens (à 1min45 très précisément). En remplaçant gens des médias par gens du monde du travail. Ce qui ne dénature en rien la citation, on est bien d’accord.
c'est marrant de voir la réaction des gens de l'autre côté de la barrière !!!
Rédigé par : Pierre | jeudi 19 avril 2012 à 22h48
Pfff, ils ne te méritaient pas.
Rédigé par : la belette | vendredi 20 avril 2012 à 00h30
Je tombe chez toi tout à fait par hasard...et je te remercie car ce billet m'aidera peut-être à claquer la porte dans pas longtemps moi aussi...pour aller vivre ma vie ailleurs!
Ils se rendront compte de ta valeur quand tu seras partie!
Rédigé par : Clairotte | vendredi 20 avril 2012 à 08h40
@Pierre : Coté obscur de la force tu veux dire ?
@La Belette : Grave ! Qu'ils s'en mordent les doigts et que les 10 plaies d’Égypte les accablent !
@Clairotte : Bienvenue ! Que la force soit avec toi. Persuadée je suis que le courage de te barrer tu trouveras ... (OK, c'est pas trop français mais n'est pas Maître Yoda qui veut)
Rédigé par : Marie Mail Tout | vendredi 20 avril 2012 à 15h24