J’accuse réception de votre lettre recommandée datée du 23 septembre dernier, relative à votre souhait de mettre en vente votre appartement dans lequel j’habite.
Je comprends bien que les temps sont difficiles, que la crise est là, etc … et que l’on puisse avoir besoin de liquidités afin de pourvoir à ses besoins avant que notre système bancaire ne s’écroule tout à fait. Rien de plus naturel.
Là où je commence à être un peu irritée, c’est lorsque vous m’apprenez que ce n’est pas réellement pour cela que vous désirez vous débarrasser de moi de votre appartement.
En effet, lors de notre conversation téléphonique, j’ai cru comprendre que vous souhaitiez en réalité éviter toute taxation sur la plus-value immobilière inhérente à la vente d’une résidence secondaire.
En l’occurrence, ma cage à poule. Que je loue mensuellement pour une somme encore raisonnable pour la région parisienne mais qui ferait se défriser bon nombre de provinciaux.
Je n’épiloguerai pas sur vos choix et ne vous jette pas la pierre puisque d’autres auront sûrement fait de même et qu’au moins, vous avez la décence de payer vos impôts en France.
Pardonnons donc à ceux qui n’ont point choisi l’évasion fiscale mais seulement de minimiser le montant de leurs impôts. C’est, après tout, le sport national dans notre beau pays, si j’en crois les actualités.
En fin de compte, ce qui m’irrite vraiment dans votre décision, c’est le montant exorbitant que vous réclamez pour avoir l’insigne honneur de posséder ladite cage à poule.
Fin 2010, vous aviez fixé la barre à 150 000€ , pour une surface qui n’excède pas 20 m2. Je vous avez alors fait part de mon désir de négocier ce prix, étant prête à faire un effort pour l’acheter à 140 000 voire 145 000€.
Je vous avez également fait remarquer que votre prix était un peu en dessus du prix du marché et que bien qu’en bon état, mon appartement n’offrait toutefois pas de prestations haut de gamme.
Votre réponse fût catégorique : il n’en était absolument pas question. Je m’attendais donc à un prix croissant, suivant l’évolution générale du marché immobilier parisien.
Je ne fût donc pas complètement surprise de voir que vous aviez bien suivi, à 0,01% près, l’inflation et que vous évaluiez votre bien à 180 000€. Ce qui reste toujours en dessus du prix du marché dans l’arrondissement où est situé mon appartement.
Avant de vous donner ma réponse quant à mon souhait d’acheter ce bien, permettez-moi de faire quelques remarques.
A l’heure où notre pays est au bord de la banqueroute et qu’il est demandé à chacun de faire des efforts (cf nouvelles taxes sur les sodas, les cigarettes, les alcools forts) y compris nos très riches compatriotes, je trouve cela scandaleux de vouloir se soustraire à ce point à l’effort national.
D’autant plus que la plus-value que vous réaliserez est indécente compte tenu de son montant, que j’ai chiffré à environ 100% (partant du principe que vous aviez acheté l’appartement à 90 ou 100 000€).
Si l’on fait abstraction de toute cette affaire fiscale, je trouve également honteux votre désir de participer à la surenchère immobilière dans la capitale, à l’heure où le logement est devenu non plus un droit mais un luxe.
Chose que vous déploriez aussi l’an dernier puisque, selon vos dires « mes filles sont dans la même situation que vous, elles gagnent leur vie correctement mais n’arrivent pas à acheter sur Paris ». Si vous compreniez si bien la situation, pourquoi dès lors vous comporter comme les autres propriétaires dont vous blâmiez l’attitude ?
Etant bien consciente que votre attitude, si déplorable soit-elle, est loin d’être une exception mais malheureusement la règle, je vous informe que je ne souhaite pas me porter acquéreuse de votre appartement.
En vous souhaitant bonne chance dans le recherche du pigeon idéal.
Votre locataire
(qui a le plaisir de ne pas se considérer comme une vache à lait)
JF - 28 ans - Parisienne (mais pas trop) - Curieuse (mais parfois aussi commère, de mauvaise foi ou hypocondriaque) qui a décidé de se lancer dans l'écriture, en s'aidant d'un certain sens de l'humour
Je ne connaissais pas le site Lettre aux cons, c'est pas mal.
Ta lettre est trop forte, dommage que ce cher propriétaire ne puisse la lire.
Rédigé par : Elosyia | dimanche 02 octobre 2011 à 16h36
Rhhoooo j'adore !!
Quel dommage qu'il ne puisse la lire en effet...
Rédigé par : La Moule au teint gris | dimanche 02 octobre 2011 à 22h43
Je suis toute déçue en effet de ne pouvoir poster ma missive.
Et suis touchée par tant de compassion.
Mais finalement, je me dis que je pourrais quand même l'envoyer, quand tout est terminé : appart trouvé pour moi et vendu pour lui.
Wait and see.
Rédigé par : Marie Mail Tout | lundi 03 octobre 2011 à 10h02